- anthropophagie
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• XVIe; gr. anthrôpophagia♦ Pratique des anthropophages. ⇒ cannibalisme.Synonymes :anthropophagien. f.d1./d Fait de manger de la chair humaine (V. cannibalisme).— Anthropophagie rituelle: pratique consistant à manger certaines parties du corps d'un être humain en pensant ainsi acquérir ses qualités.d2./d ANTHROP Pouvoir surnaturel d'agression ou de destruction des êtres humains attribué aux sorciers.⇒ANTHROPOPHAGIE, subst. fém.A.— [Dans une société « primitive »] Habitude traditionnelle de manger de la chair humaine :• 1. Vous soulevez là cette grave question de l'origine de l'anthropophagie. Est-ce la religion, est-ce la faim qui a poussé les hommes à s'entre-dévorer? Cette discussion serait au moins oiseuse en ce moment. Pourquoi le cannibalisme existe? La question n'est pas encore résolue; mais il existe, fait grave, dont nous n'avons que trop de raisons de nous préoccuper.VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 3, 1868, p. 61.B.— [Dans une société « évoluée »] Fait de manger de la chair humaine, par nécessité ou dépravation :• 2. ... de 1601 à 1603, la famine et la peste, sa compagne ordinaire, firent [en Russie] d'effroyables ravages (...) Plusieurs contemporains, témoins oculaires, rapportent des scènes d'anthropophagie épouvantables.MÉRIMÉE, Les Faux Démétrius, épisode de l'hist. de Russie, 1853, p. 56.• 3. Le mystère dont ils [les chrétiens] s'entourent fait croire à des débauches contre nature (...), même à l'anthropophagie.RENAN, L'Église chrétienne, 1879, p. 306.DÉR. Anthropophagique, adj., néol. [En parlant de tendances] Qui porte à l'anthropophagie : ,,... nous répétons sans cesse des gestes ancestraux qui sont pour nous dépourvus de toute utilité. Quand la grande actrice veut exprimer la haine, elle retrousse ses lèvres charmantes et montre ses canines, en souvenir inconscient d'instincts anthropophagiques.`` (MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 54). Rad. anthropophag-, de anthropophagie; suff. -ique.PRONONC. :[
]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour la 1re syllabe du mot. FÉL. 1851 transcrit également une durée mi-longue pour cette syllabe.
Empr. au b. lat. anthropophagia (MERCATOR, Nest. Serm., 9 ds TLL s.v., 164, 52), lui-même empr. au gr.« action de manger de la chair humaine » IVe s. av. J.-C. (ARISTOTE, Pol., 1338b 20 ds LIDDELL-SCOTT).
STAT. — Fréq. abs. littér. : Anthropophagie. 28. Anthropophagique. 1.BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — Méd. Biol. t. 1 1970. — NYSTEN 1824. — REY-COTTEZ 1970, t. 38, p. 353. — TONDR.-VILL. 1968.anthropophagie [ɑ̃tʀɔpɔfaʒi] n. f.ÉTYM. XVIe; de anthropophage.❖♦ Pratique des anthropophages, fait de consommer de la chair humaine. ⇒ Cannibalisme. || Des scènes d'anthropophagie.1 Il faut des légumes frais aux missionnaires, car l'anthropophagie est contagieuse et l'on ne soupçonne que les sauvages.Éluard, l'Immaculée Conception (en collaboration avec André Breton), « Essai de simulation de la démence précoce », Pl., t. I, p. 329.♦ Par extension :2 Je pense à nos coutumes judiciaires et pénitentiaires. À les étudier du dehors, on serait tenté d'opposer deux types de sociétés : celles qui pratiquent l'anthropophagie, c'est-à-dire qui voient dans l'absorption de certains individus détenteurs de forces redoutables, le seul moyen de neutraliser celles-ci et même de les mettre à profit; et celles qui, comme la nôtre, adoptent ce qu'on pourrait appeler l'anthropoémie (du grec émein, vomir); placées devant le même problème, elles ont choisi la solution inverse, consistant à expulser ces êtres redoutables hors du corps social en les tenant temporairement ou définitivement isolés, sans contact avec l'humanité, dans des établissements destinés à cet usage. À la plupart des sociétés que nous appelons primitives, cette coutume inspirerait une horreur profonde (…)Claude Levi-Strauss, Tristes Tropiques, p. 348.❖DÉR. Anthropophagique.
Encyclopédie Universelle. 2012.